Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

2ème Dimanche de l’Avent

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La vie devant soi

2ème Dimanche de l’Avent. Le P. Marcel Domergue, sj l’affirme en écho à l’Évangile de ce jour : l’Achèvement de notre création, coïncidera avec la révélation du Christ tel qu’il est. Avançons 

Quand on prend de l’âge (jeunes, ce commentaire vous concerne aussi), il arrive que l’on se dise : « ma vie est derrière moi. » À cette constatation, on peut ajouter un survol qui, si l’on est lucide, ne donne pas envie de pavoiser. Il y a d’ailleurs des moments où le regard porté sur le passé ne voit que du bien, d’autres moments où nous ne percevons que les échecs ou les insuffisances. Au fond, peu importe car, quel que soit notre âge ou notre état de santé, notre vie n’est pas derrière nous mais devant nous. Nous allons vers la vie et ce n’est pas toujours facile à croire. Nous voici, ici et maintenant, en un point précis de notre existence. Le passé est inscrit dans notre corps et dans notre esprit, comme des couches géologiques, mais actives pour le meilleur et pour le pire. Grande est la tentation d’imaginer que notre passé nous enferme dans une sorte de destin. Il n’en est rien car, où que nous en soyons, nous sommes sous l’emprise d’un appel qui nous vient d’ailleurs, du « pas-encore-là. » En voie de création, nous sommes encore à venir. C’est pourquoi, chacune à sa manière, nos trois lectures nous mettent en posture d’attente, c’est-à-dire _d’espérance (mot tiré de la seconde lecture, où il est donné comme synonyme de persévérance et de courage). La plénitude de la vie est devant nous, au bout de la route.

 

Qu’attendons-nous ?

 

La première lecture répond : le rejeton qui jaillira de la souche rasée de Jessé. Le Nouveau Testament voit cette promesse accomplie dans le Christ. Est-ce pour autant la fin de l’attente_? Non, car l’image du rejeton, ou du surgeon, suggère une croissance. Notre connaissance du Christ est pour l’instant imparfaite, dit Paul. De plus il y a une croissance de ce corps du Christ qui est notre communion dans l’unité_; donc, en un sens, une croissance du Christ lui-même, qui n’atteindra toute sa taille qu’à l’heure de cette venue en gloire, qui demeure pour nous un mystère. En 1 Jean 3,1-2, nous apprenons que notre propre croissance, l’ACHEVEMENT DE NOTRE CREATION, coïncidera avec la révélation du Christ tel qu’il est. Alors nous serons « participants de la nature divine » (2 Pierre 1,4.) Quant à l’évangile du jour, récit de la prédication de Jean Baptiste, il est tout entier tourné vers  » elui qui vient. » Cependant, gardons-nous de situer la venue du Christ dans un futur indéterminé :  » il viendra » prend forme en permanence dans un « il vient ». L’Écriture porte témoignage à ce double aspect : le Royaume de Dieu est pour la fin des temps, et pourtant « il est tout proche », « déjà là, au milieu de vous » (ou: « entre vous », ce qui assimile le Royaume de Dieu à l’amour). En effet l’espérance est déjà, en nous, présence et possession de ce que l’on espère (traduction large d’Hébreux 11,1).

 

La fin de l’avenir

 

Nous voici donc en train de vivre une histoire où chaque instant est lourd de la présence de l’avenir. Présence active, créatrice, puisqu’il s’agit de la présence divine. Si nous étions conditionnés par notre passé seulement, nous serions, répétons-le, enfermés dans la prison d’un destin. En fait, notre passé est assumé et reconstruit dans le déploiement d’une alliance avec Dieu qui génère du nouveau, parce que Dieu est toujours nouveau. Pensons à l’enfant à sa naissance : tout un passé est là, avec l’ADN, de son héritage, et pourtant il est neuf, imprévisible, unique. Être fils d’Abraham, c’est un bon héritage, mais parce que Dieu est libre, c’est-à-dire détenteur du pouvoir de faire advenir du nouveau (les enfants nés « des pierres que voici »), alliés à lui nous devenons participants de son absolue liberté. Mais Jean Baptiste nous annonce la fin de ce parcours et l’heure du bilan. Il voit en perspective la venue du Christ, déjà venu à Bethléem mais maintenant à la veille de naître à l’accomplissement de sa mission, avec son ultime venue, parole tranchante qui opère le tri entre le bon et le mauvais, entre ce qui vaut et ce qui ne vaut rien. Effrayant ? Non car nous sommes tous porteurs de paille et de bon grain : le tri terminal libérera chacun de nous de « l’homme de fraude et d’iniquité » (Psaume 43) qui parasite en nous l’image de Dieu. Tout viendra à la lumière, mais tout ce qui vient à la lumière, même nos ténèbres, devient lumière (Éphésiens 5,13 et Psaume 139,12).

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