Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

3ème Dimanche de l’Avent

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Qui est Jésus ?

3ème  Dimanche de l’Avent. Qui sont-ils ? De simples cousins ? Qui sont Jésus et Jean Baptiste, un commentaire du P. Domergue, sj.

Dans notre évangile, deux questions d’identité : Qui est Jésus ? Qui est Jean Baptiste ? Étonnante, la question de Jean : au chapitre 3 du même évangile, on l’a vu baptiser Jésus et il a entendu la voix céleste le déclarant «Fils bien-aimé». C’est que, semble-t-il, Jean Baptiste fait encore partie de l’Ancienne Alliance. La Nouvelle Alliance qu’il annonce garde encore pour lui son secret. Il doit en rester au triomphe social et politique qu’attendait son peuple.
Or, le voici en prison, victime du mal et de l’injustice exercée par Hérode. Est-ce là le Royaume de Dieu annoncé ? Pourtant, au fond de lui, la foi demeure : il ne fermera pas les yeux sur l’adultère d’Hérode. Jusqu’à en mourir. Et c’est à Jésus qu’il envoie des disciples pour apprendre s’il est celui qui doit venir ou s’il faut en attendre un autre. Écoutons bien la réponse du Christ : il n’annonce pas un triomphe politique ou militaire, mais il révèle que Dieu est tout entier miséricorde, en alliance avec les victimes du mal qui empoisonne le monde. La Croix est en perspective. Nous en sommes tous à la question du  Baptiste : nous n’en finissons pas de nous demander qui Jésus est vraiment. Le nombre d’ouvrages écrits à ce sujet montre que les premiers conciles, réunis à ce propos, n’ont pas tout éclairci : plus encore que toute personne humaine, le Christ reste pour nous un mystère et nous éprouvons souvent doute et scandale au spectacle du silence de Dieu devant notre mal, de l’abandon entre nos mains de sa toute-puissance. Répétons-le : sa puissance en nous se nomme Esprit ; elle nous permet d’utiliser tout ce qui nous arrive pour, à partir de là, mettre au monde de l’amour.

Qui est Jean Baptiste ?

Il est difficile de parler de lui. Il est un doigt pointé vers un autre. On le quitte des yeux pour regarder dans la direction qu’il indique. Lui-même dit qu’il n’est là que pour être dépassé. Un peu comme Moïse, qui lui aussi a pris la parole dans le désert et s’est arrêté aux portes de la terre promise, pendant que le peuple né en route traversait le Jourdain. Comprenons que toute la Bible converge vers Jean Baptiste. Le Livre entier prépare la venue de celui qui, maintenant, est là, et que le plus-que prophète ne se contente pas d’annoncer mais désigne. C’est pourquoi Jean peut être dit «le plus grand des enfants nés de la femme». Pensons tout de suite à l’humanité née, selon la figure biblique, de la femme primordiale. Voici que maintenant va surgir une autre humanité, dans laquelle nous devrons renaître : celle du «dernier Adam», le Christ. Cette nouvelle humanité est celle du Royaume des cieux (relisons Jean 3,3-8). Elle prendra naissance dans la Pâque. Cette seconde naissance ne supprimera pas la première mais viendra l’épouser, s’incarner en elle pour l’élever vers un avenir que l’on n’avait pu ni prévoir ni imaginer : notre accès à la condition d’enfants de Dieu. Mais quand Jésus dit que le plus petit dans le Royaume est plus grand que Jean Baptiste, cela signifie-t-il que celui-ci n’entrera pas dans le Royaume ? Je pense qu’il y entrera, mais pour cela il faudra qu’il traverse la mort. Là, il pourra renaître pour une vie nouvelle. Précurseur de Jésus, il le sera jusqu’au bout : sa décapitation est déjà annonce de la traversée pascale.

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