Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Lancement du synode universel

 

Frères et sœurs, un synode peut en cacher un autre. Récemment, nous avons vécu l’expérience du synode diocésain dont nous continuons à recueillir les fruits, découvrant peu à peu la richesse et la portée des orientations pastorale que nous avons discernées et que notre évêque nous a confiées. Dimanche dernier, le pape François a ouvert un temps de synode pour l’Église tout entière,« un chemin de discernement spirituel, de discernement ecclésial, qui se fait dans l’adoration, dans la prière, au contact de la Parole de Dieu ». En ce jour, nous marquons l’ouverture de ce synode qui ne consiste pas tant à échanger des idées ou à proposer des analyses qu’à nous mettre ensemble à l’écoute du Seigneur qui parle à son Église et qui nous appelle sans cesse à la conversion évangélique. À cet effet, François nous propose trois verbes dont nous retrouvons l’écho dans les lectures bibliques que nous venons d’entendre, trois verbes qui évoquent trois attitudes fondamentales : rencontrer, écouter, discerner.

 

Rencontrer. Le prophète Isaïe rencontre le Seigneur qui lui parle et qui l’envoie en mission. Jésus rencontre l’humanité aux faiblesses de laquelle il compatit selon les mots de la lettre aux Hébreux. Sur la route qui monte vers Jérusalem, les apôtres Jacques et Jean viennent à la rencontre de leur Maître pour lui adresser une demande. La Bible peut être résumée comme l’histoire d’une rencontre entre Dieu et son peuple, rencontre peu à peu élargie à tous les peuples de la terre. La foi elle-même est affaire de rencontre en un double sens : nous partons à la rencontre de Dieu et lui-même vient à notre rencontre. Nous ne cessons d’ailleurs de découvrir qu’en toute circonstance Dieu prend l’initiative de cette rencontre qu’il ne force pas mais qu’il propose. Sans doute posons-nous aussitôt la question pratique du contenu de la rencontre. Qu’allons-nous faire et dire ? Quelle richesse pouvons-nous en attendre ? Or il existe une gratuité absolue de la rencontre. Nous avons tous déjà entendu le propos magnifique de Michel de Montaigne qui cherchaient les mots pour dire quelque chose de son amitié avec Étienne de la Boëtie : « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Telle est la beauté de la vraie rencontre : il n’est pas d’abord question de bâtir un chantier ni d’espérer un résultat tangible et matériel. La rencontre est une expérience gratuite de découverte et d’abandon. Il en va ainsi de la relation avec Dieu comme de la relation entre nous tous qui sommes devenus frères et sœurs par la grâce du baptême, appelés à nous rencontrer au nom d’un seul et même Père.

 

Écouter. Le prophète Isaïe se met à l’écoute du Seigneur dont il est chargé de transmettre la Parole. Il écoute avant de parler. En Jésus, nous découvrons l’homme de l’écoute par excellence, celui qui consacre du temps prolongé à la prière et à la contemplation de son Père. Les apôtres Jacques et Jean écoutent l’enseignement du Maître qui éclaire d’une lumière nouvelle leur demande un peu étonnante. La rencontre avec Dieu nous place en situation d’écoute. Nous n’avons pas d’abord quelque chose à lui dire mais une parole à recevoir. Il s’agit d’écouter ce que Dieu nous révèle, ce qu’il nous permet de connaître et de comprendre. Or les moyens qu’il choisit pour nous parler sont multiples : nous pensons d’abord aux textes bibliques à travers lesquels nous reconnaissons Sa propre Parole mais Il nous parle également dans le mystère de sa création, dans les événements qui surviennent ou encore dans le témoignage de nos frères. Nous avons tous déjà entendu l’exclamation que le jeune Samuel adressa au Seigneur qui l’appelait dans le secret de la nuit : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Telle est bien notre vocation : devenir des serviteurs qui savent écouter, de cette écoute humble et résolue sans laquelle nous risquons de nous enfermer sur nous-mêmes. Car l’écoute est une ouverture sur les autres et sur le monde. Elle ne consiste pas à demeurer en état de passivité mais plutôt à se préparer au temps de l’engagement. À la surenchère des paroles qui saturent l’espace social et médiatique, il existe une réponse évangélique qui passe par l’écoute paisible et attentive.

 

Discerner. Le prophète Isaïe discerne la volonté du Seigneur qui l’a appelé pour le faire participer à sa mission. Jésus nous permet de discerner en Dieu le don de la miséricorde. Les apôtres Jacques et Jean, pour leur part, sont conduits par le Maître à discerner la justesse de leur aspiration à siéger à sa droite et à sa gauche dans le Royaume des cieux. La Bible nous enseigne ainsi l’art du discernement, cette disposition qui consiste à tirer profit de la rencontre et de l’écoute. On ne perd jamais son temps à discerner, c’est-à-dire à entrer dans la logique de Dieu, à nous laisser toucher par sa volonté qui se dévoile petit à petit. Le discernement de la foi nous fait grandir dans la patience et nous introduit à la nuance qui n’est pas une faiblesse mais un signe de sagesse et de maturité, « le courage de la nuance » pour reprendre le titre récent d’un ouvrage. Il s’agit, plus précisément, de discerner ce que le Seigneur attend de nous aujourd’hui. La démarche du synode consiste donc à vivre cette triple dimension de la rencontre, de l’écoute et du discernement en vue d’une vie personnelle et ecclésiale toujours plus évangélique. Nous prenons alors conscience que l’existence chrétienne tout entière est synodale ainsi que le suggère de manière évidente l’expérience vécue par les disciples d’Emmaüs : ils se laissent rencontrer par le Christ, ils l’écoutent ouvrir leur cœur à la Parole de Dieu et ils discernent sa présence vivante à côté d’eux et même en eux. C’est cet itinéraire qui nous est proposé afin que soient renouvelés notre foi, notre espérance et notre amour. Amen.

Homélie du Père Benoît PIERRE

Dimanche 17 octobre 2021

Cathédrale Saint-Julien, Le Mans

29ème dimanche du temps ordinaire, année B

Pour aller plus loin :

POUR NOTRE SYNODE DIOCESAIN

 

– le lien vers les orientations synodales de notre diocèse :

https://www.sarthecatholique.fr/orientations-synodales/

 

– le lien vers le site du synode : https://synode.wixsite.com/synode72

 

POUR LE SYNODE UNIVERSEL

 

– le lien vers la page dédiée de la conférence des évêques de France :

https://eglise.catholique.fr/vatican/le-synode-2023/synode-des-eveques-sur-la-synodalite-2021-2023/

 

– le lien vers le site du synode : https://www.synod.va/it.html (la page de garde est en italien mais il y a des ressources en français)