Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Les homélies du Chanoine Sesboüé

Notre cher Chanoine Sesboüé avait été très heureux que notre Ensemble paroissial publie, semaine après semaine, ses homélies dominicales.  Après son décès, après quelques semaines de recueillement, par fidélité et reconnaissance, nous reprenons la diffusion de ces belles méditations.

20ème Dimanche du Temps Ordinaire

Jésus sauveur des croyants

 

Le récit de la guérison de la fille de la cananéenne est une sorte de catéchèse apporté par Jésus. En fait, il veut répondre à cette question fondamentale : Pour qui est ce salut : Et la réponse nous donne deux choses principales : il est pour tous les hommes ; il doit être accueilli dans la foi.

 

  • Le Salut est universel

 

Alors que les disciples découvraient en Jésus le sauveur promis par les sauveurs, se posait la question : qui vient-il sauver ? Le peuple élu, bien sûr, Jésus est le sauveur d’Israël. Mais qu’en est-il des autres, des païens ? Jésus a exercé son ministère en milieu juif, mais il a aussi guéri quelques païens. Ici, le caractère d’étranger au peuple élu est souligné. Le Maître se trouve dans la région de Tyr et de Sidon, les deux grandes villes de la Phénicie, pays limitrophe de la Palestine, région côtière du nord. La femme est cananéenne, terme générique désignant les peuples résidant à côté d’Israël. Du premier abord, nous sommes surpris de l’apparence indifférence de Jésus : il ne lui répondit rien, et plus encore de ce qui semble un refus : je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. Cette distance mise avec le paganisme est renforcée par cette déclaration imagée : il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens.

Nous comprenons que ces réactions étaient non un refus, mais une épreuve. Jésus veut tester la foi de la femme. Sa guérison sauve sa vie, à distance, comme le serviteur il veut aussi affirmer que sa mission est l’aboutissement de l’espérance messianique d’Israël auquel revenait de recevoir d’abord les bienfaits du salut. Au centurion de Capharnaüm, il montre que le salut qu’il approche est pour tous les hommes de bonne volonté. Mais ce salut doit être accueilli.

 

  • L’accueil dans la foi

 

A la cananéenne qui ne se laisse pas impressionner par la première attitude de Jésus, celui-ci rend cet éloge : Femme, ta foi est grande. La Foi, c’est ici, non encore une totale adhésion au mystère du Christ, mais une grande confiance en sa puissance. Car la renommée du Messie dépassait les frontières d’Israël. Cette foi, cette confiance, s’exprime par la persévérance de la demande : aie pitié de moiViens à mon secours. Elle utilise le titre messianique du Fils de David et se prosterne humblement. Elle rétorque avec finesse à l’objection présentée par Jésus dans l’image de pain et des petits chiens. A cette persévérance Jésus répond largement : Que tout se fasse pour toi comme tu veux.

 

Ce bref récit nous adresse deux appels importants. Tout d’abord croire en l’universalité du salut apporté par Jésus et figuré ici par la guérison d’un enfant. Nous sommes à l’époque de la mondialisation. Chaque jour nous sont présentées des images du bout de monde, représentant des populations étrangères et souvent inconnues. En les regardant, croyons-nous du fond du cœur, créé comme nous à l’image de Dieu, sont infiniment aimés de lui, rachetés par le sang de Jésus qui a envoyé ses disciples prêcher l’Evangile à toutes les nations ? C’est en ce sens que nous proclamons dans notre credo que l’Eglise est Catholique, c’est-à-dire universelle et que l’Evangile répond aux attentes de tous les hommes, fussent-ils différents de nous. Par ailleurs nous pouvons constater que ces populations lointaines, lorsqu’elles ont accueilli l’Evangile, peuvent être plus chercheuses dans leur foi que nos pays de vieille chrétienté. C’est pourquoi nous avons besoin d’une nouvelle évangélisation. Sachons contempler Jésus comme le sauveur de tous.

 

Le second appel que nous adresse ce récit est la persévérance dans la prière confiante. La persévérance chrétienne n’est pas un rabâchage intempestif : ne rabâchez pas comme les païens, nous dit Jésus. Mais une reprise humble et confiante de nos demandes en les soumettant à la volonté de Dieu qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin. La prière chrétienne est persévérante : il faut toujours prier sans jamais se décourager observe Saint Luc mais elle prend modèle sur celle de Jésus au jardin des oliviers : non pas ce que je veux mais ce que tu veux dit-il à son Père dans la perspective de la Passion. Car la confiance suppose la foi ; non seulement en la puissance de Dieu, mais en son amour qui oriente sans cesse cette puissance. Et devant les imprévus, sachons reconnaître les signes du Seigneur qui nous aime et nous appelle sans cesse à l’aimer davantage.

Le texte du livre d’Isaïe lu en première lecture peut résumer ces deux appels de l’évangile de ce jour :

Ma maison s’appellera : Maison de prière pour tous les peuples. Telle est l’Eglise qui nous invite à prier avec confiance (maison de prière) et s’ouvre à tous les hommes de bonne volonté : pour tous les peuples. Amen.