Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Méditons la Parole de Dieu avec le Chanoine Sesboüé

5ème Dimanche de Carême

Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec  lui la Parole de Dieu.

Croire pour vivre

 

Nous recevons en ce dimanche le troisième grand récit de l’évangile selon saint Jean, considéré par l’Eglise comme une catéchèses baptismale.

Comme beaucoup de récits johaniques, celui du retour à la vie de lazare reçoit son éclairage des dialogues qui l’accompagnent : Jésus et ses disciples, Jésus et les soeurs du défunt.

 

Tout de suite nous apparaissent deux mots très forts : croire – vivre.

Le miracle sera un signe qui aidera à croire en Jésus : « afin qu’ils croient que tu m’as envoyé » ; ce retour à la vie sera l’image de la vie apportée par Jésus. Et ces deux thèmes sont profondément liés entre eux : « celui qui croit vivra ».

Il faut croire pour vivre, c’est à dire adhérer à la personne de Jésus pour entrer dans son mystère et vivre de sa vie.

 

  • Jésus porteur de la vie

On peut dire que ce récit est une hymne à la vie que Jésus nous apporte.

De quelle vie, en effet s’agit-il ? De la vie glorieuse qui nous attend après notre vie terrestre ? Le retour à la vie de Lazare serait-il une image, une annonce de la résurrection future ? Sans doute, mais l’essentiel n’est pas là dans notre texte. En effet, lorsque Marthe dit à Jésus : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour », Jésus la ramène à la perspective du présent : « Je suis la résurrection et la vie »… »Tout homme qui vit en croyant en moi ne mourra jamais ».

Il y a donc une vie apportée par Jésus aux hommes qui concerne d ‘abord leur vie terrestre avant de s’épanouir dans la vie glorieuse.

 

Dès le prologue de son évangile, Jean nous annonce : « au commencement était le Verbe »… « de tout être il était la vie ».

Cette vie reçue du Père, il veut y faire participer les hommes : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ».

 

Cette vie que Jean appelle « éternelle », car elle échappe aux limites du temps, que nous appelons « spirituelle », – ce qui évoque en nous la présence de l’Esprit Saint – est notre participation à l’être de Dieu, en fait la vie de la grâce que l’Eglise nous souhaite avec les mots de saint Paul : « la grâce de Jésus Notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ».

 

Cette vie de la grâce nous permet de faire l’expérience de la présence du Dieu d’amour et nous pousse à conforter notre attitude à celle de Dieu.

Par cette vie, Jésus nous apporte la lumière de sa parole, la force de l’aimer, car il est le Pain de vie.

 

 

2) Le disciple, un croyant qui accueille la vie

 

Personne ne peut voir la lumière du soleil s’il n’ouvre les volets de sa maison. Personne ne peut vivre de la vie divine apportée par Jésus sans ouvreir son coeur et lui donner le « oui » de la foi : La foi du disciple est la réponse à l’offre du Seigneur ; elle lui ouvre son coeur. Jean écrira à la fin de son évangile : « ces signes sont écrits pour que vous croyiez que Jésus est le messie, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous avez la vie en son nom ».

 

Le lien entre foi et vie est souligné dans notre récit : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (c’est à dire que sa mort physique ne peut détruire cette union en moi, commencée sur cette terre.

La suite explicite : « Tout homme qui vit et qui croit en moi (c’est à dire en croyant en moi) ne mourra jamais ». Et Jean nous livre cette belle profession de foi : « Seigneur je crois que tu es le Messie, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ».

 

Même si la foi de Marthe, comme celle des disciples, devra encore progresser, ce cri est un appel au lecteur pour qu’il reconnaisse en Jésus le Messie, celui qui vient, c’est à dire le vrai sauveur et le propre Fils de Dieu.

 

Il nous reste à nous demander comment progresser dans la foi pour vivre plus intensément de la vie de Dieu.

Nous pouvons évoquer trois grandes formes de nourriture de notre foi qui nous amènent à vivre davantage de la vie divine.

 

  • La parole de vie : plus nous nourrissons notre foi par la parole de Dieu, plus nous vivrons de Lui. « A qui irions nous » ? disait saint Pierre « Tu as les paroles de la vie éternelle ».

 

  • Les sacrements de vie : plus nous recevons, dans la foi, les sacrements de la vie, il s’agit ici de ceux qui sont le tissu de notre vie courante, le pardon et l’eucharistie, plus nous vivrons de la vie de Jésus.

 

  • La pratique de la loi d’amour : plus nous nous efforcerons, avec humilité et persévérance, de pratiquer la loi d’amour, plus nous vivrons de la vie de Dieu, qui est amour.

Il nous reste deux semaines pour poursuivre nos efforts de Carême : renoncer à nos étroitesses et nos égoïsmes par un esprit de sacrifice, c’est accéder à la vraie liberté et puiser à la source de la vie, notre Dieu qui se donne à nous par son Fils, dans la présence de l’Esprit Saint.

 

Redisons à Jésus, avec saint Jean de Damas :

« Tu marches, tu pleures, tu parles, mon Sauveur, montrant ton énergie humaine ; mais en réveillant Lazare, tu révèles ton énergie divine. De manière indicible Seigneur, mon sauteur, tu as, selon tes deux natures, librement opéré mon salut. Amen