Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Méditons la Parole de Dieu avec le Chanoine Sesboüé

Baptême du Seigneur

Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec  lui la Parole de Dieu.

 

13 janvier 2002 Année A                                                                      Baptême du Seigneur

 

Le baptême de Jésus

 

C’est encore le mystère de l’Epiphanie que nous célébrons en faisant mémoire du baptême de Jésus. Son prélude à sa vie publique, cet épisode apparaît, aux yeux des évangélistes et de la tradition de l’Eglise, comme une manifestation de sa grandeur divine. Il nous faut distinguer le fait même du baptême et l’expérience spirituelle de Jésus.

1) Pourquoi Jésus se fait-il baptisé par Jean ?

 

C’est Mathieu, lu cette année, qui veut répondre à cette question en nous expliquer le fait.

Dans sa prédication, Jean Baptiste soulignait la différence entre son baptême (une plongée dans l’eau des fidèles qui demandaient pardon de leur péché) et le futur baptême de Jésus plongé dans la vie de l’Esprit, signe de l’alliance nouvelle. On comprend alors sa surprise quand Jésus se présente devant lui, parmi les juifs de bonne volonté, pour se faire baptiser.
C’est moi qui ait besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui vient à moi ! Jean a toujours eu conscience de la supériorité de Jésus, de sa sainteté. La réponse de celui – ci donna la raison de sa démarche : il nous faut accomplir toute justice. La « justice » désigne ici le plan sauveur de Dieu. Jésus doit montrer par cette action symbolique – qu’il prend sur lui le péché du monde pour implorer le pardon du père. Le baptême dans le Jourdain annonce la passion, la plongée dans l’épreuve qui doit purifier le monde. Cette passion que Jésus appelle aussi un baptême. Je dois recevoir un baptême et comme il m’en compte d’attendre qu’il soit accompli ! (Luc 12, 50)

Jean dira, dans son épître il est venu par l’eau et le sang, l’eau du baptême et le sang de la croix (1 Jean 5 – 6)

 

2) L’expérience mystique de Jésus.

 

Tous les évangélistes soulignent – c’est le point qui les intéresse surtout- que le baptême de Jésus fut l’occasion pour lui d’une expérience spirituelle très forte, une manifestation de la puissance de Dieu en lui. Comme toute expérience mystique, elle est incommunicable dans sa totalité. Elle reste le secret du bénéficiaire. Jésus a fait confidence à ses disciples de l’essentiel : il s’est senti tout entier rempli de la force de Dieu pour accomplir sa mission. C’est son investiture messianique, royale.
La tradition transmet le sens de cette expérience d’une manière sensible : l’audition (une voix disait) ; la vue (il vit l’Esprit de Dieu.)

La voix du Père reconnaît trois allusions bibliques illustrant la mission de Jésus.

Jésus est le roi messianique annoncé par le psaume : Tu es mon Fils – il réalise par sa passion le sacrifice d’Isaac appelé : ton fils unique, ton bien aimé ; – il est le serviteur annoncé par le livre d’Isaïe : en Lui j’ai mis tout mon amour.

En même temps la vue de la colombe exprime que l’humanité de Jésus est saisie par la force de l’Esprit. Pourquoi cette image de la colombe ? Les diverses interprétations possibles, retenons celle qui mit en la colombe le signe de l’amour divin. Cela rejoint la voix du Père.

Jésus est enveloppé de l’amour de son père et serait par la force de cet amour, l’Esprit Saint.

Après la tentation au désert, Luc écrit : Jésus revint en Galilée sous la puissance de l’Esprit (Luc 4, 14).

En nous présentant ce récit, l’Evangile met devant nos yeux le mystère trinitaire que Jésus va révéler progressivement. Le Fils est envoyé par le Père dans la communion avec le Saint Esprit.

Mais aussi nous y voyons l’annonce de la nouvelle alliance, donnée au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ce baptême nous rend fils adoptif de Dieu qui nous regarde avec amour comme ses enfants bien – aimés, temple du Saint Esprit. Le baptême en nous unissant à la mort et à la résurrection de Jésus, fait de nous non seulement des disciples, mais des membres vivants de son corps. Nous sommes appelés à le suivre dans un oui total à l’Evangile. C’est ainsi que nous témoignerons de Celui qui, nous dit Saint Paul, n’a pas été oui et non, mais seulement oui.

Avec sa grâce reprenons nos résolutions de fidélité joyeuses et dynamiques. « Chrétien prend conscience de ta dignité puisque tu participes maintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à la déchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel chef tu appartiens et de quel corps tu es membre.

Par le sacrement de baptême tu es devenu le temple du Saint Esprit.

Amen » St Léon, sermon pour Noël