Cathédrale du Mans | Notre Dame de la Couture

Méditons la Parole de Dieu avec le Chanoine Sesboüé

Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec  lui la Parole de Dieu.

Quatrième dimanche de l’Avent A                                                  24 décembre 2010

 

L’origine de Jésus-Christ

 

À quelques heures de la célébration de la Nativité, l’Église nous offre le texte de St Matthieu sur l’origine de Jésus-Christ. Tout au long de ? sa vie publique, Jésus a posé question à ses contemporains. Le qui est-il ? parsème tout l’Évangile. À ce qui est-il ? s’ajoute tout naturellement : d’où vient-il ? c’est-à-dire de qui est-il fils ? Les chapitres de l’enfance en Matthieu et Luc veulent répondre à cette question : le premier par le récit de l’annonce à Joseph, le second par celui de l’annonce à Marie. Leur caractère christologique apparaît à ceux qui les étudient. Matthieu, comme le fera Luc à sa manière, nous montre la triple filiation de Jésus.

 

1) Fils de David.

Par Joseph, son père légal et adoptif. Jésus est rattaché à la dynastie davidique. Nous voyons l’importance, dans le message divin, de cet appel : Joseph, fils de David. Peu auparavant, Matthieu avait conclu la généalogie par cette phrase : Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus. Joseph reçoit la lumière de Dieu sur sa vocation, sur sa place dans l’histoire du salut. Il ne sera pas le père du Messie selon la chair, mais il remplira le rôle de père après la naissance et restera l’époux de Marie. Le don du nom qui appartient habituellement au père sera une expression de paternité. Joseph sera l’éducateur et le gardien du Rédempteur. Il sera, aux yeux des hommes, ce père qui insère Jésus dans la lignée des promesses. Fils de David est un titre messianique qui sera donné à Jésus, notamment au jour de son entrée solennelle à Jérusalem, peu avant la passion.

 

2) Fils de Marie.

Le texte souligne à ce propos deux points : une donnée de tradition, qui pourrait être comme dans l’entourage : avant qu’ils n’aient habité ensemble, elle fut enceinte ; une donnée d’explication théologique : par l’action de l‘Esprit Saint, qui revient deux fois. Cette conception virginale est due à une action divine qui est comme une nouvelle création. Nous entendrons tout à l’heure dans la prière sur les offrandes : que ton Esprit, Seigneur notre Dieu, dont la puissance a fécondé le sein de la Vierge Marie, consacre ces offrandes…

L’évangéliste applique à ce mystère la réalisation de la prophétie d’Isaïe, en donnant son sens fort au mot vierge : voici que la vierge concevra et enfantera un fils…

 

3) Fils de Dieu.

Sans employer cette expression Fils de Dieu, Matthieu signifie cette filiation à son lecteur en soulignant les deux noms symboliques du futur messie : Jésus (le Seigneur sauve) ; Emmanuel (Dieu avec nous). Beaucoup de noms théophores (comportant la mention de Dieu) sont portés par des personnages bibliques. Ils veulent montrer que Dieu est à l’œuvre en eux et par eux.

Pour Jésus, il y a plus : non seulement Jésus, dans sa mission, sera le signe de la présence active de Dieu sauveur, mais il agira par cette puissance qu’il a reçue de Dieu, qu’il possède, parce qu’il est son propre fils.

Cette origine de Jésus nous est expliquée par Matthieu en référence à Joseph. L’évangéliste nous invite à admirer sa délicatesse et son obéissance. Joseph était un homme juste : fidèle à son Dieu dans la délicatesse du cœur, il ne veut pas endosser une paternité qui ne lui appartient pas en même temps qu’il ne peut porter de soupçon sur Marie. D’où son premier projet de la répudier secrètement.

Mais la lumière de Dieu lui dévoile le mystère et il se montre alors obéissant. Comme Marie dans son fiat, il doit un oui sans réticence : il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.

Ainsi ce texte évangélique nous aide-t-il à bien célébrer Noël. En nous disant d’où vient Jésus, il nous appelle à le recevoir dans la vérité de son mystère. Jésus est au terme de l’histoire sainte, il vient de Dieu par une jeune fille très pure : Marie et son Fils sont inséparables dans le mystère de la Nativité.

Et en nous montrant l’inquiétude de Joseph, qui se transforme en promptitude d’obéissance, l’évangile nous invite à toujours dire oui dans la confiance aux appels de Dieu : là sera notre vraie réussite et notre bonheur.

 

Demandons à Saint Irénée de conclure notre réflexion :

Le Verbe de Dieu a habité dans l’homme et s’est fait fils de l’homme pour accoutumer l’homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l’homme, selon le bon plaisir du Père. Telle est donc la raison pour laquelle le signe de notre salut, à saisir l’Emmanuel né de la Vierge, a été donné par le Seigneur lui-même : c’était le Seigneur lui-même qui sauvait ceux qui ne pouvaient se sauver par eux-mêmes.

Amen.